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Réunion publique de restitution de l'étude sur les ouvrages de la basse vallée du Cousin

M. Christian Guyot, 1er Vice-Président du Parc naturel régional du Morvan et élu référent sur le programme LIFE+ « Continuité écologique », avait convié l’ensemble des propriétaires des 24 seuils de moulins situés sur la basse vallée du Cousin, à une réunion de présentation et de restitution de l’étude menée par le bureau d’études Biotec sur ces ouvrages. A cette occasion, de nombreux échanges et discussions ont eu lieu autour de cette problématique de gestion des ouvrages du Cousin.

 

Rappel historique : Au XIX siècle, la plupart des communes du Morvan pouvaient compter chacune au moins 3 ou 4 moulins. A ce jour, entre Magny et Avallon, 24 sont répertoriés. Ils témoignent des activités passées de cette partie nord du massif du Morvan qui s’exprimaient alors à travers la valorisation et le commerce de ressources locales (battoir à écorce pour extraire le tanin, battoir à chanvre, fouloir, flottage du bois, meunerie, filature, etc.).

 

Le contexte actuel : Si certains moulins furent recensés dès le XIIe siècle dans la vallée, la plupart de ceux considérés datent du XIXème ou début du XXème siècle. Si tous sont apparus en vue d’une fonction bien particulière, aucune activité originelle ne subsiste à l’heure actuelle et plusieurs d’entre eux ont été transformés en lieu d’habitation ou ont disparu (incendie, fermeture, abandon et pillage, ruine, etc.). Aujourd’hui, un seul est équipé à des fins de production électrique et quelques-uns sont désormais laissés à l’abandon, généralement faute de moyens, ou non gérés par manque de connaissance.

 

L’absence de gestion des seuils a eu pour conséquence de cloisonner définitivement le Cousin. L’absence de courant l’empêche de s’auto-nettoyer. Les sédiments (graviers, cailloux, etc.) se sont accumulés dans les seuils de moulins. Conséquences : les poissons ne peuvent plus accéder à leurs frayères et la population de truites se raréfie petit à petit. La température de l’eau augmente considérablement en été… Autrement dit, la rivière n’est plus assez vivante !

 

     C’est le constat qui a été présenté par Nicolas Galmiche, le coordinateur du programme en début de séance.

 

Les enjeux : L’ensemble des propriétaires ont reconnu, d’un commun accord, que les enjeux environnementaux sont conséquents sur ce site et qu’il est nécessaire, voire primordiale, de conserver cette belle nature qui les entoure et qui fait tant le charme de leur havre de paix. En effet, la Vallée du Cousin abrite une richesse faunistique et floristique exceptionnelle. Pour preuve, son patrimoine naturel a été reconnu par l’Union Européenne par désignation en site Natura 2000 montrant ainsi l’intérêt écologique majeur de cette vallée. Il y a un véritable enjeu de maintien de ces habitats naturels dans un état de conservation favorable. L’objectif étant de concilier les activités humaines et la nature. Parmi les espèces d’exception vivant dans la rivière du Cousin, on peut citer la Moule perlière en amont d’Avallon, une des dernières populations de France, en voie de disparition aujourd’hui. C’est une espèce très fragile qui a besoin, pour survivre, d’un habitat et d’une eau d’une grande qualité : à titre d’exemple, elle filtre 50 litres d’eau par jour et son eau doit être encore plus pure que l’eau en bouteille….!

 

Aujourd’hui, on est en train de perdre cette richesse, notamment parce que les effectifs de truite fario, son poisson hôte privilégié pour se reproduire, sont en déficit. En effet, un bilan réalisé par la Fédération de pêche de la Nièvre, le PNRM et l’ONEMA a conclu à un impact de ces ouvrages sur la population de truites fario (déclin des individus) ainsi que sur la température de l’eau qui a tendance à augmenter.

 

La reprise en main des ouvrages par leurs propriétaires est donc un enjeu crucial et urgent pour la vie du Cousin. La plupart des propriétaires en ont conscience et sont avides de connaissances et souhaitent qu’on les informe sur les bonnes pratiques à mettre en place pour mieux gérer leurs ouvrages.

 

Le contexte réglementaire : Au début de la réunion, Mathieu Moës (Assistant d’opérations rivières à l’Agence de l’Eau Seine-Normandie) a rappelé brièvement l’évolution du cadre législatif et réglementaire. L’aménagement des cours d’eau n’est pas un domaine d’intervention nouveau. Bien avant de se préoccuper de la qualité physico-chimique des rivières, la France s’était déjà occupée de la qualité physique de ses rivières. Ce qui change, c’est que le rétablissement de la continuité écologique sur les cours d’eau est désormais un enjeu prégnant de la Directive Cadre Européenne sur l’eau (DCE) et du Schéma Directeur d'Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) Seine-Normandie. L’Etat français a décidé de transposer cette directive européenne au niveau national et s’est donc engagé au retour du bon état écologique des cours d’eau d’ici 2015. Pour y parvenir, plusieurs chantiers ont été mis en place dont celui relatif au nouveau classement des cours d’eau en 2 listes qui impose notamment aux propriétaires d’assurer la transparence écologique de leurs ouvrages dans un délai de 5 ans.

 

L’ensemble de ces dispositions législatives et réglementaires s’impose donc à chacun d’entre nous sur le territoire national.

 

Pour autant, cette nouvelle réglementation est accueillie très froidement par les propriétaires d’ouvrages qui ont profité de cette rencontre pour faire remonter et exprimer leurs craintes et leurs peurs de voir disparaître le seuil attaché à leur moulin, la difficulté à se représenter et imaginer le paysage futur sans leur ouvrage, la crainte de ne plus avoir de poissons ou d’eau en été dans leur bief, et même la peur de perdre l’attrait touristique provoqué par l’intérêt architectural ou esthétique de l’ouvrage, etc.).

 

C’est pour toutes ces raisons que le Parc naturel régional du Morvan, acteur de la protection des milieux naturels et de la qualité de l’eau, a souhaité apporter son aide matérielle et financière aux propriétaires d’ouvrages dans la Vallée du Cousin, en leur proposant des solutions écologiquement et sociologiquement acceptables au regard des enjeux patrimoniaux, historiques et naturels.

 

L’étude : Au travers du programme LIFE+ « Continuité écologique », des crédits européens et français permettent de réaliser des études et surtout des travaux sans frais pour les propriétaires d’ouvrages.

 

Presentation Biotec     Presentation Biotec3     Presentation Biotec4

A l’initiative des représentants du Parc Naturel Régional du Morvan, et en concertation avec les partenaires locaux et institutionnels concernés (Agence de l’eau, ONEMA, FDPPMA, DDT, SIVU, collectivités locales, etc.), l’équipe du bureau BIOTEC a été mandatée afin de déterminer les conditions de faisabilité et la nature d’un programme de restauration de la continuité écologique de la basse vallée du Cousin. C’est ce plan d’actions qui a ainsi été présenté aux propriétaires d’ouvrages présents lors de cette réunion de restitution. Tout au long de la réunion, la parole a été donnée à la salle. Plusieurs questions ont été posées, montrant ainsi l’attachement des propriétaires à leurs moulins. Les échanges ont parfois été un peu houleux, voire virulents. Des réponses appropriées ont été apportées par le bureau d’études et les agents du Parc du Morvan, nécessitant parfois de rétablir la vérité.

 

A l’issue de la réunion, Nicolas Debiais (en charge de la réalisation de l’étude) a alors remis à l’ensemble des propriétaires des fiches individuelles les informant des solutions qui leur sont offertes en termes de travaux afin de se mettre en adéquation avec la réglementation. Les propriétaires souhaitant réaliser des travaux pourront bénéficier de l’assistance technique du coordinateur du programme LIFE+ pour les accompagner dans leurs futures démarches.

 

La réunion a été clôturée vers 22H30, montrant l’intérêt des participants et la qualité des débats. La soirée s’est terminée dans une ambiance conviviale autour d’un verre de l’amitié, accompagné de produits du terroir offerts par le Parc naturel régional du Morvan, permettant ainsi de poursuivre les échanges et discussions de manière moins formelle.

 

L’étude préparatoire aux travaux étant dorénavant achevée, l’animation individuelle vers les propriétaires va se poursuivre en vue d’obtenir maintenant des accords de principe sur l’engagement effectif des travaux. N. Galmiche, le coordinateur du programme, a rappelé toutefois que seuls les travaux les plus ambitieux et les plus favorables à la restauration de la continuité écologique sur la Vallée du Cousin seront financés grâce aux fonds du programme LIFE+.

 

Nicolas Galmiche / Myrtille Biarne

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